15 septembre, c'est la fête de Roland.
Un obscur moinillon du XIème siècle est devenu Saint Roland, ce qui ne l'a pas sauvé de l'oubli.
La mémoire collective, quand elle daigne encore fonctionner, préfère se rappeler la "Chanson de Roland", une épopée féodale composée au début du second millénaire.
Ce neveux de l'empereur Charlemagne accompagnait son oncle à la guerre contre les sarrasins d'Espagne (pas la céréale, les musulmans d'Andalousie !) Au retour, pour la traversée des Pyrénées, Roland conduisait l'arrière - garde. Lâchement trahi par l'infâme Ganelon, il tomba avec ses hommes dans un guet-apens au col de Roncevaux. Il eut beau souffler dans son cor pour appeler Tonton à la rescousse et se défendre avec l'énergie du désespoir, il fut massacré par l'ennemi, non sans avoir brisé sur un rocher sa vaillante épée Durandal, arme de chevalier, donc bénie, qui ne devait pas tomber entre des mains non-chrétiennes.
La Chanson de Roland, ce n'est pas l'Illiade, même si elle est pleine de bruit et de fureur. Toutefois, elle a marqué durablement la littérature. Pas question de faire l'impasse sur quelques textes fondateurs comme la saga du roi Arthur en terres celtiques, les Niebelungen en Germanie et La Chanson de Roland en pays français.
Elle nous apprend beaucoup, non sur les événements fort imprégnés de légende, mais sur les mentalités ... de l'époque où on l'a écrite. Les preux chevaliers compagnons de Roland sont de la classe militaire féodale ; au temps de Charlemagne, elle n'était pas encore constituée. Les troupes à-demi sauvages qui tuèrent Roland à Roncevaux, en fait de Sarrasins, étaient des brigands basques, troupes supplétives au service des musulmans d'Espagne, musulmans qui n'étaient pas assez nombreux pour mener une guerre avec leurs seules forces.
L'élément le plus véridique, en fin de compte, est peut-être le caractère sacré de Durandal. Ceux qui ont écrit la Chanson de Roland ont transposé sur l'épée du héros l'usage en vigueur au temps des croisades. Certains de combattre pour la Vraie Foi, ils faisaient bénir leur épée et incluait dans sa poignée un véritable reliquaire. Laisser tomber un objet aussi sacré dans des mains païennes aurait été un sacrilège. Plutôt la détruire que la voir souiller.
Les Roland et Rolande d'aujourd'hui sont gens de paix, du moins faut-il l'espérer, mais ils portent un prénom héroïque. C'est un privilège refusé à beaucoup de prénoms plébéiens.
Rolande et Roland, nous vous disons "bonne fête" et vous embrassons.