Comme beaucoup de "littéraires", j'ai longtemps cru que les humanités étaient sacrifiées au bénéfice des sciences.
Folle que j'étais !
L'enseignement des mathématiques est aussi mal en point que celui des lettres.
A l'occasion d'une visite à mes petites-filles, je suis tombée au milieu d'une séance cauchemardesque :
la maman, sur le point de craquer, essayait en vain de comprendre le sens d'un fatras de dessins photocopiés censés être l'énoncé d'un problème,
la grand-mère maternelle, jeune directrice d'école en retraite, tentait de trouver une explication au fait que les adultes n'y voyaient pas plus clair que les enfants.
Quant-à l'écolière, pourtant une des meilleures élèves de sa classe de CM1, elle avait pris de parti de sangloter de découragement en répétant qu'elle n'y arriverait jamais.
Nouvelle arrivante donc, à priori, plus calme, j'essaie à mon tour d'affronter le problème et j'ai compris ... qu'il s'agissait de faire résoudre des fractions à des enfants qui n'avaient
pas appris la division. Dur, dur ...
Histoire de détendre l'ambiance, j'ai donc invité la désespérée à une séance de pâtisserie.
Évidemment, le but de l'exercice, vieille astuce connue de toutes les grand-mères, était de faire recalculer les proportions pour une quantité différente de celle de la recette. Il nous a fallu
nous rendre à l'évidence, une enfant qui va passer au collège dans moins de deux ans, ne connaît pas la division.
J'ai essayé de lui expliquer qu'une division est comme une multiplication à l'envers. Je ne suis pas certaine qu'elle ait compris et je suis convaincue que le problème de l'enseignement est beaucoup plus grave que ce que nous imaginons souvent.
N'existe-t'il pas assez de vrais problèmes sans qu'on se croie obligé de saccager ce qui marchait encore, il y a peu ?