28 février 2009
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Les croyants sont entrés dans le carême ... pas drôle. Dans la
tradition, c'est une pénitence après les grands débordements du mardi-gras. Mais le mardi-gras, est-il vraiment si joyeux ?
Il y a les crêpes, du meilleur au pire, en fonction du talent
qu'on y met, et le carnaval... c'est à dire n'importe quoi.On y participe de moins en moins dès qu'on a passé l'âge de la maternelle. Les grands se contentent de quelques bribes de spectacle à la télévision, à moins de faire partie des veinards qui peuvent s'évader pour un carnaval d'ailleurs.
Pour nos médias amnésiques, Carnaval est un rite exotique.
Le champion incontesté est Rio, le plus étranger . Au Brésil, en plein mois de février, c'est l'été, les nuits chaudes et les danseuses fort dévêtues. C'est inaccessible au plus grand nombre et trop différent pour nous parler.
Moins éloigné, il y a Venise. C'est très beau, un cadre de rêve, mais pas donné, tout sauf populaire. Il faut d'abord faire des économies. Autant dire que ce n'est pas pour demain...Dommage.
Et le côté "piège à sous" est aussi la règle des plus célèbres carnavals français, Nice et Menton. Au fil des ans, ils sont devenus corsos fleuris et défilés. On y admire des troupes professionnelles immatriculées chez les intermittents du spectacle, l'exhibition y gagne en scénographie mais pas en authenticité ni en spontanéité.
Les carnavals d'hiver ont bien du mal à exister dans notre société de confort. Au nord de la Loire, les plus beaux sont des carnavals d'été. Pour montrer aux foules des filles dévêtues, c'est plus commode, mais la fête n'a plus de sens, sortie de son mardi gras d'origine.
Alors surgit une objection : et Dunkerque ? Il contredit tout ce qui vient de précéder.
Certes, malgré le temps généralement froid, humide et venté, les foules s'y écrasent. La bande des pêcheurs est un bon sujet pour les médias hors de la région. Le carnaval de Dunkerque a une vraie notoriété, hélas ... du même type que celle des ch'tis, un engouement où règne une certaine confusion entre populaire et vulgaire.
Les vieilles chansons à boire et refrains de marins, éléments incontestables d'un patrimoine spécifique, ont fait place aux airs sans invention qu'on entend partout. En même temps que la chanson se dégrade, la bande gagne en rudesse. Le mouvement de la foule consiste à s'accrocher solidement les uns aux autres et pousser les autres groupes, un paquet humain contre un autre . A ce jeu, le carnaval est devenu une affaire d'adultes : des hommes, et en bonne santé. Il est recommandé de garder les enfants et les personnes fragiles à l'écart. Ce n'est pas forcément l'idée qu'on se fait d'une fête populaire, par définition ouverte au plus grand nombre.
Tout serait donc à jeter au nord ?
Non ! Par bonheur, il existe encore un mardi gras traditionnel dans une ville qui en est devenue un haut-lieu : Binche.
Vous pouvez être tranquilles, je ne suis sponsorisée par aucun office de tourisme mais l'occasion est trop belle de vous faire part d'une découverte aussi riche.
Binche n'est pas une grande ville, c'est un bourg rural au sud de la Belgique, une architecture agréable dont certains éléments remontent aux ducs de Bourgogne. Mais ce qui fait l'intérêt du site, c'est sa dévolution au dieu Carnaval.
On y trouve un musée du masque et du carnaval. Y sont présentés des costumes venus des plus grands carnavals du monde.
Une salle de projection présente un film sur l'histoire et l'organisation du carnaval de Binche.
Mais ce qui fait de ce musée un lieu exceptionnel, c'est la présentation de masques anciens et cérémoniels. Nous sommes dans un vrai conservatoire des masques premiers sans esbroufe ni pédantisme.
Il faut absolument le voir ... toute l'année, sauf le mardi-gras !
C'est le seul jour où il ne peut être ouvert, la fragilité des collections laisse craindre la foule pas toujours aussi respectueuse qu'il le faudrait.
Musée fermé, Binche reste la terre du mardi-gras, la patrie des gilles. Il faut monter au deuxième étage d'une maison pour contempler le moutonnement des coiffes en plumes d'autruches, spectaculaire ! Il faut seulement espérer qu'il ne pleuve pas ; les coiffes sont trop coûteuses et fragiles pour risquer la pluie, le défilé, dans ce cas, se fait sans elles.
Le costume est adapté à des festivités de plein air en hiver, rembourré, comme les bottes des moujiks, avec du foin et de la paille. Ce garnissage qui donne au gille un curieux air contrefait sera vidé au milieu de la place en fin de journée, c'est le brûlage des bosses et le feu d'artifice clôturant le défilé.
Et ce qui emplit les têtes, c'est la musique des gilles, reconnaissable entre toutes et capable de faire
danser un cul-de-jatte ! Tant pis si vous trouvez que c'est exagéré, on dirait une espèce de samba belge.
Enfin, pour les voir, il faut absolument aller à Binche. Devant leur succès,
plusieurs villes de Belgique et du nord de la France ont voulu se créer, à leur imitation, une troupe de gilles, hélas ... il n'est de vrai gille qu'à Binche et ils ne sortent jamais de la ville,
ne se montrent que chez eux.Il faut y aller, avant que la société de consommation ne vienne à bout de ce reste d'authenticité.
Catherine 31/03/2009 10:29
Milla 13/03/2009 22:58
Milla 10/03/2009 01:37
Tipanda 10/03/2009 10:30
Weinheber 01/03/2009 10:24
Tipanda 01/03/2009 11:43