Ariel Sharon vient d'avoir 80 ans. Il avait 20ans à la proclamation d'Israël qui en a aujourd'hui 60.
Tous deux ont grandi et vieilli ensemble. Ariel, "Arik" était une force de la nature qu'il a entièrement consacrée à son idéal sioniste.
De cette énergie terrassée par un AVC, il ne reste aujourd'hui qu'un vieillard brisé ; il n'est pas mort mais il n'est plus en vie.
Déjà, il manque terriblement. Les siens avaient besoin de lui et n'ont pas trouvé à le remplacer.
Il est de ces hommes qui ne peuvent laisser indifférent. Il a suscité autant de reproches que d'enthousiasme. Son ardeur guerrière rassurait ; elle seule pouvait donner aux Israéliens assez de
confiance pour envisager une paix qui n'entrainât pas leur destruction.
Les "colombes" se répandent en invocations : "la paix, la paix, la paix..." qu'on ne voit toujours pas arriver. Faire est plus difficile que parler.
Seul un guerrier comme Sharon pouvait avoir l'audace de faire reculer des colons, parce qu'il ne le faisait pas gratuitement. Il avait les moyens de promettre la sécurité en échange de la
terre.
Le grand moment d'espoir s'est arrêté avec lui, personne ne semble avoir l'étoffe ni la volonté de poursuivre le mouvement qu'il avait initié.
Nous regretterons longtemps qu'Arik soit tombé avant d'avoir mené son projet au bout ; en même temps, c'est la colère, un reproche que nous pourrions adresser à beaucoup de grands
hommes :
Arik, pourquoi n'as tu pas préparé ta sortie, prévu une relève digne de toi ? Te croyais-tu éternel ? Ou bien, voulais-tu être sûr de laisser des regrets ? Dans ce cas, c'est réussi, pour le
malheur de ce pays qui te doit tant.